Page:De Scudery - Eudoxe, tragi-comédie, 1641.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L'épouvante et l'horreur occupent ma pensée ; [2005]

Mon oeil ne voit plus rien, que ma faute passée ;

Elle me suit partout, je la trouve en tous lieux ;

Trois fantômes brûlés, s'offrent devant mes yeux ;

Je les vois languissants, je les vois dans les flammes ;

Pardon, hélas, pardon, ô généreuses âmes ; [2010]

Ne me reprochez plus, l'erreur que vous blâmez ;

Ne me présentez plus, vos beaux corps consumés ;

Retirez cet objet, qui m'ôterait la vie ;

Et songez que la mort est toute mon envie ;

Qu'en vous offrant à moi, vous venez me l'offrir, [2015]

Et que vous me devez laisser vivre, et souffrir,

Car je viens de me rendre en vous osant poursuivre,

Indigne de mourir, comme indigne de vivre.

Olimbre

Seigneur, ce repentir qui paraît en ce jour,

Est encore un effet, de la première amour. [2020]

Genseric

Nullement, j'ai banni cette amour criminelle,

Aussi bien que l'espoir, que j'avais mis en elle :

Ce n'est qu'un sentiment, d'horreur et de pitié.

Olimbre

Mais l'amour quelques fois, ne paraît qu'amitié.