Page:De Scudery - Eudoxe, tragi-comédie, 1641.djvu/119

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Il est vrai qu'elle eut tort, d'aspirer à ce point,

Et de vouloir forcer, ce qu'on ne force point. [1980]

Et puis, la qualité si haute, et si sublime,

En cette occasion, augmente encor le crime ;

Le sang de tant de rois, devait toucher un roi :

Mais, dois-je dire tout ? Oui seigneur je le dois :

Ce qui rend aujourd'hui, votre erreur sans égale ; [1985]

C'est que vous violez la parole royale,

Que vous aviez juré de servir constamment,

Celle que vous perdez dans votre aveuglement.

Qui voudra s'assurer aux promesses d'un prince,

Qui feignant d'assister, usurpe une province, [1990]

Et contraint à mourir les princes alliés ?

Jugez après cela, si vous vous oubliez.

Et si la renommée en semant cette histoire,

Peut manquer de ternir l'éclat de votre gloire.

Que ne dira-t-on point, après un tel malheur ? [1995]

Seigneur votre interêt, fait toute ma douleur :

Vous perdez un éclat, si rempli de lumière,

Que la seconde perte égale la première :

Oui, vous perdez l'honneur, pour suivre un vain désir,

Et vous trouvez la peine en cherchant le plaisir. [2000]

Genseric

Ciel, en cet accident je la rencontre telle,

Qu'elle m'obligerait, me devenant mortelle.

Je ne puis plus souffrir ce triste souvenir ;

Ce lamentable objet, qui vient pour me punir ;