Page:De Scudery - Eudoxe, tragi-comédie, 1641.djvu/36

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Et qui ne sauve point sa reine d'un malheur,

Est perfide sujet, ou soldat sans valeur.

À la mort, à la mort, ou plutôt à la gloire ;

La fortune aujourd'hui ne tient point la victoire ;

Elle dépend de nous, elle est en cette main ; [585]

Elle s'en va punir ce monarque inhumain ;

Rien ne peut s'opposer à ma juste vengeance :

Mais un si haut dessein veut de la diligence ;

Ne perdons point de temps, et montrons aujourd'hui,

Qu'en méprisant sa vie, on tient celle d'autrui. [590]

Olimbre

Je suis prêt de mourir, et pour votre service,

Et pour ma Placidie, et pour l'impératrice :

Ursace, aucun péril ne peut m'épouvanter,

Et je n'en connais point que je n'ose tenter.

Mais quoi, notre espérance est sans doute détruite ; [595]

Si la force en ce jour agit sans la conduite :

Au milieu de sa cour, assassiner un roi,

C'est se perdre sans fruit, et tout perdre avec soi,

Attendons, il s'agit d'une affaire trop grande.

Ursace

Hélas, trop sage ami, que veux-tu que j'attende ? [600]

Qu'un barbare insolent me ravisse mon bien ?

Qu'il m'enlève un trésor, qu'il ne me laisse rien ?

Et que je sois venu sur les rives d'Afrique,

Pour rendre ma disgrâce, ou ma honte publique ?