Page:De Scudery - Eudoxe, tragi-comédie, 1641.djvu/4

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verrez celui où je suis réduite. Je crains qu'il ne se trouve des esprits assez injustes, pour dire que j'ai mérité mes disgrâces : et des censeurs assez sûrs, pour blâmer une affection toute pure et toute innocente. Il est de gens qui croient qu'on en peut jamais rien aimer rien sans crime, parce qu'il n'ont jamais rien aimé sans cela : et qui condamnent toute la terre, parce qu'ils en sont condamnés. C'est contre cette dangereuse espèce d'homme, que l'implore votre assistance : et c'est par votre propre gloire que je vous conjure de vouloir défendre la mienne. Dites leur donc, en parlant pour vous et pour moi, que l'honneur et l'amour sont toujours ensemble, que la vertu les a joints : qu'il est de flammes si pures, qu'elles n'ont jamais de fumée : et un feu si détaché de la matière, qu'il subsiste toujours sans elle, aussi bien que l'élémentaire. Dites leur que s'il se trouve des corps dans la nature, que le feu ne détruit jamais ; il en est de même des esprits dont l'innocence est à l'épreuve des plus ardentes affections. Dites leur que ces esprits amoureux et purs, sont dans le feu comme