Page:De Scudery - Eudoxe, tragi-comédie, 1641.djvu/75

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Quoi venir sans respect, et faire un si grand bruit, [1265]

En ces lieux, en ce temps, à cette heure, et de nuit !

Ô ciel où sommes-nous ! Et quelle procédure,

Se pratiqua jamais plus barbare et plus dure ?

Traiter une princesse, avec indignité !

Faire un sanglant affront, à cette qualité ! [1270]

Ne considérer point son illustre naissance !

User insolemment, d'une injuste puissance !

N'être pas satisfait de la voir sans bonheur !

S'attaquer à ses jours, s'attaquer à l'honneur !

Ha ! Ne vous flattez point, d'une espérance vaine, [1275]

On n'acquiert point l'amour, par des effets de haine ;

Et l'insolence enfin, pire que le trépas,

Irrite un grand courage, et ne le fléchit pas.

Genseric

Madame, c'est pourquoi ne trouvez pas étrange,

Si de tant de mépris, mon coeur enfin se venge, [1280]

Et si par ce mépris mon courage endurci,

En cette occasion ; ne fléchit point aussi.

L'impératrice

Je n'ai nul sentiment qui ne soit équitable :

Mais le vôtre paraît injuste, et redoutable ;

Mon coeur en a tremblé, mon teint en a blémi ; [1285]

Vous n'êtes plus amant, vous êtes ennemi.