Page:De Scudery - Eudoxe, tragi-comédie, 1641.djvu/76

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Ha je suis un amant, mais amant qu'on outrage,

Mais amant sans bonheur, et non pas sans courage,

Mais amant sans espoir, mais amant méprisé,

Mais amant qui peut tout, et qui voit tout aisé. [1290]

L'impératrice

Quoi cruel tant de pleurs ne touchent point votre âme.

Vous ne craignez donc plus, ni le ciel, ni le blâme,

Il ne vous reste plus aucune humanité !

Vous violez les droits de l'hospitalité !

Vous ne respectez plus ni sexe, ni couronne ! [1295]

Vous suivez les conseils que la fureur vous donne !

Vous vous abandonnez à ces lâches transports !

Vous affligez l'esprit, vous captivez le corps !

Vous perdez vos amis, vous perdez votre gloire !

Et tout pour obtenir une infâme victoire ; [1300]

Et tout pour contenter une illicite amour,

Qui vous ôte l'honneur, et qui m'ôte le jour.

Mais cruel, écoutez ce que je m'en vais dire

Et l'état où je suis, dans la crainte d'un pire.

Tout ce qui peut brûler le plus facilement, [1305]

Sièges, dais, et tapis, et tout l'ameublement ;

J'ai tout mis l'un sur l'autre en la chambre prochaine,

Afin de l'opposer au dessein qui vous mène ;