Page:De Scudery - Eudoxe, tragi-comédie, 1641.djvu/8

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Qu'il en sache le cours, qu'il en sache les causes ;

Et j'irai cependant savoir l'état des choses :

Nous voici dans Carthage, où tendaient vos désirs ;

Nous voici dans Carthage, où sont tous mes plaisirs ; [10]

Et bientôt nous verrons avec un peu d'adresse,

La belle impératrice, et ma belle maîtresse.

Demeurez inconnu, puisqu'il vous est aisé,

Si vous n'usez point mal d'un habit déguisé ;

Ne précipitons rien, modérez votre envie, [15]

Et pour l'amour d'Eudoxe, allongez votre vie :

Sauvez-vous pour sauver cet astre des beautés,

Et conquêtez un bien que vous seul méritez :

Si grande est sa vertu, la vôtre n'est pas moindre :

Rendez-vous sur le port, où j'irai vous rejoindre. [20]

Vous, ne découvrez pas que nous soyons venus

Pour agir d'autant mieux, n'étant point reconnus :

Mais éloignez vos pas, ainsi que vos tristesses,

De cet appartement, où sont les trois princesses :

Enfin votre désir a satisfait vos yeux. [25]

Ursace

Laissez-moi dans ce lieu que je préfère aux cieux :

Allez, mon cher Olimbre, où l'amour vous appelle,

Soyez autant heureux, que vous êtes fidèle,

Et si le sort détruit mon dessein hasardeux,

Souffrez enfin ma mort, et vivez pour nous deux. [30]