Page:De Scudery - Eudoxe, tragi-comédie, 1641.djvu/9

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Olicharsis

J'aborde comme vous aux rives africaines,

Quinze ans m'ont retenu dans des terres lointaines,

Où le désir d'apprendre avait porté mes pas,

Et je plains vos malheurs, mais je ne les sais pas.

Puisque par mon bonheur, ma foi vous est connue, [35]

De grâce, montrez-moi votre âme toute nue ;

Que je sache vos maux, pour vous en soulager ;

Je voudrais vous servir, veuillez donc m'obliger ;

Un bienheureux destin a fait notre rencontre ;

Je vous montre mon cœur, que le vôtre se montre ; [40]

Au point où vos vertus ont su me le ravir,

J'affronterais l'Afrique, afin de vous servir ;

Et dans les grands périls, rencontrant des amorces,

Je perdrais Genseric au milieu de ses forces.

Ursace

Cher et fidèle ami, je n'ai pas le pouvoir [45]

De cacher à vos yeux l'objet qu'ils veulent voir :

Je découvre un secret d'une importance extrême,

Mais en vous le disant, c'est le dire à moi-même :

Et ce serait pêcher, voyant votre pitié,

Contre le jugement, et contre l'amitié, [50]

Si je ne vous contais la suite d'une histoire,

Difficile à souffrir, et difficile à croire :

Écoutez donc enfin les effets différents

De l'amour et du sort, deux superbes tyrans.