Page:De Scudery - Eudoxe, tragi-comédie, 1641.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Partout j'ouï retentir, ce bruit épouvantable ;

Partout je vois flamber un feu si redoutable ;

Tout croule, tout noircit, tout paraît confondu ; [1345]

Hélas elle est perdue, hélas je suis perdu !

Cette tragique mort, par l'univers semée,

Genséric, Genséric, détruit ta renommée.

Ha tyran qu'as-tu dit, ha tyran qu'as-tu fait !

Ô d'une injuste amour, injuste et triste effet ! [1350]

Ô de ma violence, effet bien déplorable !

Eudoxe, belle Eudoxe, objet incomparable,

Au milieu de la flamme, au milieu du courroux,

Voyez votre bourreau, qui souffre plus que vous.

Ô malheureuse amour je deteste ta flamme ! [1355]

Ô remords violents qui tourmentez mon âme,

Ô faute reconnue, ô tardif repentir !

Percez, percez mon coeur, faites-lui tout sentir,

Feux, fers, poisons, cordeaux, et pour punir mon vice,

De tous les châtiments, ne faites qu'un supplice ; [1360]

J'ai plus failli moi seul, que tous les criminels ;

Faites-moi donc sentir tous leurs maux éternels.

Aspar

Seigneur...

Genseric

Ha scélérat, auteur de ma disgrâce,

Oses-tu me parler, as-tu bien cette audace ?