Page:De Scudery - Eudoxe, tragi-comédie, 1641.djvu/91

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C'est là cruel, c'est là, (faut-il que je le die)

Que l'une et l'autre Eudoxe, avec ta Placidie,

Dans l'effroyable flamme, ont trouvé leur tombeau ; [1530]

Mais ton conseil timide, en fournit le flambeau.

Ta voix retint mon bras, qui les aurait sauvées ;

Notre perte et leur mort, par toi sont arrivées ;

Goûte, goûte le fruit de tes sages avis,

Et vois si j'ai bien fait, de les avoir suivis. [1535]

Ici tout mon bonheur, ici tes allégresses ;

Ici l'impératrice, ici les deux princesses ;

Ici toute ta joie, ici tous mes plaisirs ;

Ici tout notre espoir, ici tous nos désirs ;

Ici par tes conseils, nos malheurs sont extrêmes, [1540]

Ici nous perdons tout, et nous perdons nous mêmes.

Olimbre

Hélas n'augmente point de si cuisants remords,

Par l'objet d'une mort, qui donne mille morts :

Je ne connais que trop, que moi seul l'ai causée ;

Je n'aperçois que trop, ta raison méprisée, [1545]

Je ne sens que trop bien qu'elle fut mon erreur ;

Et mon crime aperçu, me donne assez d'horreur.

Ursace, je vois trop, que je suis trop coupable :

Aussi mon triste coeur, de plaisir incapable,

Ne murmurera point, quand tu viendras toujours [1550]

Irriter sa douleur, par le même discours.

Continue en tout temps, d'offrir à ma pensée,

Et mon malheur présent, et ma faute passée,