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BERLIN

spirituel, le reflet de son nom faisoit encore aimer tout ce qui pouvoit lui ressembler. Marie-Thérèse n’a point donné une impulsion semblable aux Viennois, et ce qui dans Joseph ressembloit à de l’esprit les en a dégoûtés.

Aucun spectacle en Allemagne n’égaloit celui de Berlin. Cette ville, étant au centre du nord de l’Allemagne, peut être considérée comme le foyer de ses lumières. On y cultive les sciences et les lettres, et dans les dîners d’hommes, chez les ministres et ailleurs, on ne s’astreint point à la séparation de rang si nuisible à l’Allemagne, et I on sait rassembler les gens de talent de toutes les classes. Cet heureux mélange ne s’étend pas encore néanmoins jusqu’à la société des femmes : il en est quelques-unes dont les qualités et les agréments attirent autour d’elles tout ce qui se distingue ; mais en général, à Berlin comme dans le reste de l’Allemagne, la société des femmes n’est pas bien amalgamée avec celle des hommes. Le grand charme de la vie sociale, en France, consiste dans l’art de concilier parfaitement ensemble les avantages que l’esprit des femmes et celui des hommes réunis peuvent apporter dans la conversation. À Berlin, les hommes ne causent guère qu’entre eux ; l’état militaire leur donne une