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DE LII’ALLEMAGNE

certaine rudesse qui leur inspire le besoin de ne pas se gêner pour les femmes.

Quand il y a, comme en Angleterre, de grands intérêts politiques à discuter, les sociétés d’hommes sont toujours animées par un noble intérêt commun ; mais dans les pays où il n’y a pas de gouvernement représentatif, la présence des femmes est nécessaire pour maintenir tous les sentiments de délicatesse et de pureté, sans lesquels l’amour du beau doit se perdre. L’influence des femmes est plus salutaire aux guerriers qu’aux citoyens ; le règne de la loi se passe mieux d’elles que celui de l’honneur ; car ce sont elles seules qui conservent l’esprit chevaleresque dans une monarchie purement militaire. L’ancienne France a dû tout son éclat à cette puissance de l’opinion publique, dont l’ascendant des femmes étoit la cause.

Il n’y avoit qu’un très-petit nombre d’hommes dans la société à Berlin, ce qui gâte presque toujours ceux qui s’y trouvent, en leur ôtant l’inquiétude et le besoin de plaire. Les officiers qui obtenoient un congé pour venir passer quelques mois à la ville n’y cherchoient que la danse ou le jeu. Le mélange des deux langues nuisoit à la conversation, et les grandes assemblées n’offroient