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DE L’ALLEMAGNE

néanmoins les circonstances-donnent seules aux hommes l’occasion de le développer. Les gouvernements sont les vrais instituteurs des peuples ; et l’éducation publique elle-même, quelque bonne qu’elle soit, peut former des hommes de lettres, mais non des citoyens, des guerriers, ni des hommes d’état.

En Allemagne, le génie philosophique va plus loin que partout ailleurs, rien ne l’arrête, et l’absence même de carrière politique, si funeste à la masse, donne encore plus de liberté aux penseurs. Mais une distance immense sépare les esprits du premier et du second ordre, parce qu’il n’y a point d’intérêt, ni d’objet d’activité, pour les hommes qui ne s’élèvent pas à la hauteur des conceptions les plus vastes. Celui qui ne s’occupe pas de l’univers, en Allemagne, n’a vraiment rien à faire.

Les universités allemandes ont une ancienne réputation qui date de plusieurs siècles avant la réformation. Depuis cette époque, les universités protestantes sont incontestablement supérieures aux universités catholiques, et toute la gloire littéraire de l’Allemagne tient à ces institutions[1].

  1. On peut en voir une esquisse dans l’ouvrage que