Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 2, 1814.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
83
WALSTEIN, ET MARIE STUART.

MARIE.

Non, tu sais maintenant tout ce qui pèse sur mon cœur.

MELVIL.

Songe à la présence du scrutateur des pensées, à l’anathème dont l’église menace une confession trompeuse : c’est un péché qui donne la mort éternelle, et que le Saint-Esprit a frappé de sa malédiction.

MARIE.

Puissé-je obtenir dans mon dernier combat la clémence divine, aussi vrai qu’en cet instant solennel je ne t’ai rien déguisé

MELVIL.

Comment ! tu caches à ton Dieu le crime pour la punition duquel les hommes te condamnent : tu ne me parles point de la part que tu as eue dans la haute trahison des assassins d’Élizabeth ; tu subis la mort terrestre pour cette action ; veux-tu donc qu’elle entraîne aussi la perdition de ton âme ?

MARIE.

Je suis prête à passer du temps à l’éternité : avant que l’aiguille de l’heure ait accompli son tour, je me présenterai devant le trône de mon