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ATTILA

mirable de la cour de Valentinien à Rome. L’auteur met en scène, avec autant de sagacité que de justesse, la frivolité du jeune empereur Valentinien, que le danger de son empire ne détourne pas de ses amusements accoutumés ; l’insolence de l’impératrice-mère, qui ne sait pas dompter la moindre de ses haines quand il s’agit du bonheur de l’empire, et qui se prête à toutes les bassesses dès qu’un danger personnel la menace. Les courtisans infatigables dans leurs intrigues cherchent encore à se nuire les uns aux autres à la veille de la ruine de tous ; et la vieille Rome est punie par un barbare de s’être montrée elle-même si tyrannique envers le monde : ce tableau est d’un poëte historien comme Tacite.

Au milieu de ces caractères si vrais apparoît le pape Léon, personnage sublime donné par l’histoire, et la princesse Honoria, dont Attila réclame l’héritage, afin de le lui rendre. Honoria éprouve en secret un amour passionné pour le fier conquérant qu’elle n’a jamais vu, mais dont la gloire l’enflamme. On voit que l’intention de l’auteur a été de faire d’Hildegonde et d’Honoria le bon et le mauvais génie d’Attila ; et déjà l’allégorie qu’on croit entrevoir dans ces