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CORINNE OU L’ITALIE


CHAPITRE III

Lettre d’Oswald à Corinne.
Ce 24 janvier 1795.


« VOUS refusez de me voir ; vous êtes offensée de notre conversation d’avant-hier ; vous vous proposez sans doute de ne plus admettre à l’avenir chez vous que vos compatriotes : vous voulez expier apparemment le tort que vous avez eu de recevoir un homme d’une autre nation. Cependant, loin de me repentir d’avoir parlé avec sincérité sur les Italiennes, à vous, que dans mes chimères je voulais considérer comme une Anglaise, j’oserai dire avec bien plus de force encore que vous ne trouverez ni bonheur, ni dignité, si vous voulez faire choix d’un époux au milieu de la société qui vous environne. Je ne connais pas un homme parmi les Italiens qui puisse vous mériter ; il n’en est pas un qui vous honorât par son alliance, de quelque titre qu’il vous revêtît. Les hommes, en Italie, valent beaucoup moins que les femmes ; car ils ont les défauts des femmes, et les leurs propres en sus. Me persuaderez--