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CORINNE OU L’ITALIE.

permet pas de conformer notre conduite à nos propres raisonnemens.

Je crois, sans le savoir avec certitude, que je parus à lord Nelvil une personne trop vive, car après avoir passé huit jours chez mon père, et s’être montré cependant très-aimable pour moi, il nous quitta et écrivit à mon père, que toute réflexion faite il trouvait son fils trop jeune pour conclure le mariage dont il avait été question. Oswald, quelle importance attacherez-vous à cet aveu ? Je pouvais vous dissimuler cette circonstance de ma vie, je ne l’ai pas fait. Serait-il possible cependant qu’elle vous parût ma condamnation ! Je suis, je le sais, améliorée depuis sept années ; et votre père aurait-il vu sans émotion ma tendresse et mon enthousiasme pour vous ! Oswald, il vous aimait, nous nous serions entendus.

Ma belle-mère forma le projet de me marier au fils de son frère aîné qui possédait une terre dans notre voisinage ; c’était un homme de trente ans, riche, d’une belle figure, d’une naissance illustre et d’un caractère fort honnête ; mais si parfaitement convaincu de l’autorité d’un mari sur sa femme, et de la destination soumise et domestique de cette femme, qu’un doute à cet égard l’aurait autant révolté