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CORINNE OU L’ITALIE.

où il espérait trouver des lettres d’Italie ; on lui dit qu’il n’y en avait point. Il sortit, et comme il réfléchissait avec peine sur ce silence, il rencontra M. Edgermond qu’il avait vu à Rome, et qui lui demanda des nouvelles de Corinne. — Je n’en sais point, répondit lord Nelvil avec humeur. — Oh ! je le crois bien, reprit M. Edgermond ces Italiennes oublient toujours les étrangers dès qu’elles ne les voient plus. Il y a mille exemples de cela, et il ne faut pas s’en affliger, elles seraient trop aimables si elles avaient de la constance unie à tant d’imagination. Il faut bien qu’il reste quelque avantage a nos femmes. — Il lui serra la main en parlant ainsi, et prit congé de lui pour retourner dans la principauté de Galles, son séjour habituel ; mais il avait en peu de mots pénétré de tristesse le cœur d’Oswald. — J’ai tort, se disait-il à lui-même, j’ai tort de vouloir qu’elle me regrette, puisque je ne puis me consacrer à son bonheur. Mais oublier si vite ce qu’on a aimé, c’est flétrir le passé au moins autant que l’avenir. —

Au moment où lord Nelvil avait su la volonté de son père, il s’était résolu à ne point épouser Corinne ; mais il avait aussi formé le dessein de ne pas revoir Lucile. Il était mécontent de l’im-