Page:De Vauban - Projet de dixme royale, 1707.djvu/60

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qui n' auront pas lieu d' apprehender d' être surchargez de taille à cause de cette ferme, la prendront d' autant plus volontiers qu' elle ne les occuperoit que dans le temps où la terre n' a pas besoin de culture. Et s' il plaisoit au roy de permettre aux gentilshommes de pouvoir affermer ces dixmes sans déroger ; comme ils ont ordinairement besoin de fourage, on peut s' assurer que les dixmes seroient extrêmement recherchées, et que pour un fermier on en trouveroit dix.

Les curez mêmes les prendroient d' autant plus volontiers, qu' ils acquereroient par là une protection pour la perception de leur propre dixme, et qu' ils y trouveroient un profit tout clair, en ce qu' ils épargneroient les frais de la levée, si ce n' est qu' il leur faudroit peut-être un homme davantage, et un cheval, selon l' étenduë de la paroisse, pour lever cette dixme avec la leur.

Et quand il faudroit une grange dans chaque paroisse pour renfermer les dixmes dans les provinces qui sont au-deça de la Loire, car on ne s' en sert point au-delà, la dépense n' en seroit pas considerable, dautant que pour mil ou douze cens livres, on peut bâtir une grange capable de renfermer une dixme de deux mil livres au moins ; et l' avantage que le peuple recevroit par cette maniere de lever la taille, qui auroit toûjours une proportion naturelle au revenu des terres, sans qu' elle pût être alterée, ni par la malice et par la passion des