Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/147

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sauvages. Le règne seul de Charlemagne, dit M. de Voltaire, eut une lueur de politesse, qui fut probablement le fruit du voyage de Rome.

C’est donc une chose assez généralement reconnue, que l’Europe doit au Saint-Siège sa civilisation, une partie de ses meilleures lois, et presque toutes ses sciences et tous ses arts[1]. »

» Lorsque les Papes mettoient les royaumes en interdit, lorsqu’ils forçoient les empereurs à venir rendre compte de leur conduite au Saint-Siége, ils s’arrogeoient un pouvoir qu’ils n’avoient pas ; mais en blessant la majesté du trône, ils faisoient peut-être du bien à l’humanité.Les rois devenoient plus circonspects ; ils sentoient qu’ils avoient un frein et le peuple une égide. Les rescrits des Pontifes ne manquoient jamais de mêler la voix des nations et l’intérêt général des— hommes aux plaintes particulières. Il nous est venu des rapports que Philippe, Ferdinand, Henri opprimoit son peuple, etc. : tel étpit à peu près le début de tous ces arrêts de la cour de Rome.

» S’il existoit au milieu de l’Europe un tribunal qui jugeât, au nom de Dieu, les nations et les monarques, et qui prévînt les guerres et les révolutions, ce tribunal seroit sans doute le chef-d’œuvre

  1. Génie du christianisme, IVe partie, liv. VI, chap. vi.