Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/304

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si vous donneriez votre fille à un juif, ou à un musulman ?

Partout où le souverain embrassa le protestantisme, il se produisit au dehors sous la forme d’Eglise nationale. La religion fut ce que le prince voulut ; et dès lors elle ne put s’étendre au-delà des frontières de l’état. Le calvinisme récemment modifié par le roi de Prusse n’est point le luthéranisme saxon. La Suède, la Hollande, la Suisse zwinglienne, ont chacune leur religion propre, bornée à leur territoire ; et la religion anglicane ne sauroit non plus exister dans aucun lieu où ne s’étend pas le pouvoir du roi qui en est le chef. Il en est ainsi de la religion russe, entièrement soumise à l’empereur : elle suit les destins de son autorité, et s’arrête avec ses ukases.

Il suit de là d’abord qu’aucune de ces religions ne peut être le vrai christianisme, essentiellement un et universel ; et Rousseau lui-même avoue que l’évangile n’établit point une religion nationale. donc établir une religion, une Eglise nationale, c’est déclarer qu’on renonce à l’évangile et au christianisme. Et de fait, quel est le dogme, ou même le précepte de morale évangélique qui n’ait été nié par des protestants ? Mais c’est surtout,