Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/308

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en vertu de la liberté absolue de jugement, elles finirent par inspirer successivement moins de confiance ; le doute s’insinua dans les esprits, l’indifférence dans les cœurs ; un christianisme vague, et sans application positive à la société ni à l’individu, devint l’unique religion du peuple. On lui apprit qu’être protestant, ce n’étoit pas croire tel ou tel dogme, professer telle ou telle foi, mais simplement n’être pas catholique ; ce qui renferme l’entière négation de toute vérité religieuse, car quiconque en admet une seule est catholique en cela.

Le déisme se propagea dans les classes élevées ; quelques uns poussèrent jusqu’à l’athéisme : tous, livrés à leurs propres sens pour seul guide et pour seule loi, purent penser tout ce qu’ils voulurent, et déterminer à leur gré leurs devoirs comme leurs croyances. Ainsi s’acheva la dissolution des liens religieux destinés à unir les hommes. Les Eglises nationales ne furent plus que des institutions politiques, dépourvues de toute influence morale, sur la nation, et ne servant qu’à marquer, sous le rapport spirituel, sa séparation de toutes