Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/307

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le jugement privé de chaque homme. C’étoit dès lors une contradiction évidente, que de régler par des lois et par l’autorité du souverain la doctrine et le culte national. Aussi vit-on dès le premier moment, une multitude d’Eglises particulières pulluler au sein des Eglises nationales ; et comme on s’étoit premièrement séparé des autres peuples, chaque peuple, divisé en lui-même, se rompit en autant de parties qu’il put monter d’idées différentes dans des esprits sans règle et sans frein. Le fanatisme arma toutes ces Eglises les unes contre les autres. Les lois se passionnèrent comme les sectes ; on mit la doctrine légale sous la protection du bourreau ; mais ni le bourreau, ni les lois ne pouvoient arrêter l’action du principe qu’on avoit admis : les dissidents opposèrent la violence à la force, et de sanglants symboles remplacèrent partout l’évangile de paix.

Cette frénésie dura plus d’un siècle, après quoi le même principe qui l’avoit produite la modéra peu à peu, en se développant dans ses dernières conséquences. Une sorte d’habitude de foi que les protestants avoient conservée en quittant l’Eglise catholique, se combinant avec l’orgueil et l’opiniâtreté propre aux sectaires, fit que chacun d’eux embrassa les opinions qu’il s’étoit faites, et les défendit avec une indomptable énergie. Mais ces opinions variant sans cesse, et se multipliant à l’infini,