Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/315

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la France, en rompant le lien de l’unité religieuse, renonceroit au rang glorieux qu’elle occupe dans le système de l’Europe : elle perdroit cette haute influence, cet ascendant moral, cette espèce de domination pacifique que sa foi plus que ses armes lui avoient acquise parmi les puissances catholiques, et la perdroit sans compensation : car elle resteroit comme auparavant, divisée des puissances non catholiques qui la bordent, par tous ses intérêts matériels. Quelles sont les nations rivales de sa prospérité ? Qui peut lui envier son territoire, entraver son commerce, s’alarmer de son industrie ?

Est-ce de ces causes permanentes de défiance et d’inimitié que sortiroient pour elle de nouvelles et solides alliances ? Croit-on qu’elle parvînt ou à confondre entièrement sa politique avec celle de l’Angleterre, ou à ravir à l’Angleterre l’ascendant qu’elle exerce sur l’Europe protestante ?

L’apostasie, en détachant d’elle tous ses vrais alliés, ne lui en rendroit pas un seul. Inquiétante pour ses voisins, et inquiète elle-même, déchue de son antique autorité, et contrainte pour sa propre conservation, de se créer au dedans une sauvegarde d’une autre nature, les efforts prodigieux auxquels l’obligeroit sa position, la précipiteroient forcément dans un système de conquête, qui, fût-il heureux au commencement, amèneroit tôt ou tard sa ruine. Il n’y eut jamais de conquêtes