Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/317

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

opinions, variables mais passionnées, il n’a trouvé que la philosophie et ses doutes ; et dès lors son alliance avec le protestantisme n’a pu que marquer une tendance politique commune.

Il n’est donc possible, en aucune façon, de rendre le peuple protestant, et le schisme n’auroit d’autre effet que de le précipiter dans une impiété brutale.

Qu’on se représente ce que seroit à ses yeux une religion administrative, dont les dogmes, le culte, la discipline, dépendroient des caprices d’un ministre et de ses commis. Pour pasteurs, qui auroit-il ?

Quelques apostats, des hommes sans foi et par conséquent sans mœurs, méprisés profondément de ceux même qui les soutiendroient. Si déjà il y a des exemples de prêtres vénérables sacrifiés par leurs supérieurs hiérarchiques à la vengeance ou aux lâches frayeurs de l’autorité civile, et punis ecclésiastiquement de leur zèle à remplir les devoirs du sacerdoce, qu’on juge à quel excès de servilité descendroit bientôt le clergé que nous venons de peindre. Dans l’abjection où il croupiroit, les derniers misérables dédaigneroient d’abaisser leurs regards jusqu’à lui. Et toutes les croyances, et toute la morale, ce sacré dépôt de la vie des peuples, seroit confié à ce rebut de la race humaine !

Voyez, dans les lieux où la religion a perdu son empire, où les classes inférieures, privées de ses