Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/318

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enseignements, n’ont plus pour règle que l’intérêt, pour guide que l’instinct du vice ; où les repaires de la débauche sont ses seuls temples, des chants obscènes, ses seules prières ; où l’enfant, quelquefois dressé au crime, et toujours nourri dans la corruption, n’apprend que par le blasphème qu’il y a quelque chose qu’on nomme Dieu ; où, parvenu au terme de sa hideuse carrière, l’homme ne trouve en lui-même ni une idée d’avenir, ni une espérance du ciel, ni un souvenir d’innocence : voyez toutes ces suites inévitables de l’extinction de la foi chez un peuple chrétien, et comprenez ce que ce seroit qu’une vaste population ainsi dégradée, tantôt assoupie comme d’une lourde ivresse, tantôt agitée de mouvements terribles quand ses passions viendroient à fermenter. Un effroyable despotisme pourroit seul, un moment, retracer quelque apparence d’ordre, au milieu de l’anarchie, qui, contenue et non pas domptée, ne tarderoit pas à rompre ses digues, avec une fureur irritée encore par cette contrainte passagère.

Sous quelque rapport qu’on envisage l’ordre politique et l’ordre religieux, on est donc constamment ramené à la même conclusion : point de pape, point de christianisme ; point de christianisme, point de religion ; point de religion, point de société. Se séparer de Rome, faire le schisme,