Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/43

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de tout ce qui détermine les hommes à se réunir dans une volonté commune, que nulle majorité n’y sauroit être assez durable pour que l’administration eût seulement une légère apparence de stabilité, si le principe du gouvernement, son esprit, ne fournissoit pas au ministère le moyen de donner une fixité plus grande à cette majorité, qui lui est indispensable pour se maintenir, au moins quelque temps. à peine le souverain, c’est-à-dire le parlement, l’auroit-il choisi, qu’il s’apprêteroit à le renverser, si le ministère ne réagissoit sur le souverain par la corruption : voyez l’Angleterre. Honneurs, emplois, argent, tout sera promis, tout sera donné pour obtenir et pour conserver la pluralité des suffrages ; la corruption s’étendra du souverain à ceux qui élisent le souverain ; elle pénétrera par la contagion de l’exemple, jusque dans les dernières classes du peuple, et peut-être, après tout, sera-ce pour lui une occasion d’apprendre que la conscience est pourtant quelque chose, puisqu’enfin cela se vend et s’achète.

Venir, dans un pareil système, réclamer des lois, des règlements, faire valoir des services rendus, des titres acquis, c’est presque une extravagance, c’est demander le renversement complet du gouvernement. La justice distributive dans l’administration seroit la mort du ministère livré sans