Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/52

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injustement aux volontés particulières de quelques hommes, de ce qui n’est que le résultat naturel, inévitable des principes et des choses.

Buonaparte, qu’il faut louer de ce qu’il a fait de bien, mit fin, par le concordat, aux persécutions religieuses du directoire et de la convention. Il rendit aux catholiques le libre exercice de leur culte, mais par un simple acte de tolérance, ou de protection bornée aux individus ; l’état, pendant son règne, n’en demeura pas moins athée ; et rien, depuis, n’a été changé à ce qui existoit sous ce rapport.

Combien de fois n’a-t-on pas remarqué que l’on chercheroit en vain le nom de Dieu dans nos codes, seul monument de ce genre où l’homme apparoisse pour commander à l’homme en son propre nom. Si ce recueil d’ordonnances humaines passoit aux siècles futurs, sans qu’aucun autre souvenir de notre temps leur parvînt, ils se demanderoient avec effroi si l’idée de la cause suprême, du souverain législateur, s’étoit donc perdue chez ce peuple ; et méditant l’oubli profond dans lequel il est tombé, ils s’efforceroient de jeter encore un voile plus épais sur sa mémoire.

La charte, il est vrai, déclare que la religion catholique est la religion de l’état ; mais que signifient ces paroles ? Et comment y voir autre chose que l’énonciation d’un simple fait, savoir, que le plus