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reposai dans le milieu du jour. Ce soir-là, m’étant avancé dans les vallées situées vers le centre de l’île, j’y découvris une grande quantité de boucs, mais très-farouches et très-difficiles à approcher ; je résolus cependant d’essayer si je ne pourrais pas dresser mon chien à les chasser par devers moi,

Le 2. — En conséquence, je sortis le lendemain, avec mon chien, et je le lançai contre les boucs ; mais je fus désappointé, car tous lui firent face ; et, comme il comprit parfaitement le danger, il ne voulut pas même se risquer près d’eux.

Le 3. — Je commençai mon retranchement ou ma muraille ; et, comme j’avais toujours quelque crainte d’être attaqué, je résolus de le faire très épais et très solide.

Nota : Cette clôture ayant déjà été décrite, j’omets à dessein dans ce Journal ce que j’en ai dit plus haut. Il suffira de prier d’observer que je n’employai pas moins de temps que depuis le 3 janvier jusqu’au 14 avril pour l’établir, la terminer et la perfectionner, quoiqu’elle n’eût pas plus de vingt-quatre verges d’étendue : elle décrivait un demi-cercle à partir d’un point du rocher jusqu’à un second point éloigné du premier d’environ huit verges et, dans le fond, juste au centre, se trouvait la porte de ma grotte.

Je travaillai très-péniblement durant tout cet intervalle, contrarié par les pluies non seulement plusieurs jours mais quelquefois plusieurs semaines de suite. Je m’étais imaginé que je ne saurais être parfaitement à couvert avant que ce rempart fût entièrement achevé. Il est aussi difficile de croire que d’exprimer la peine que me coûta chaque chose, surtout le transport des pieux depuis les bois, et leur enfoncement dans le sol ; car je les avais faits beau-