Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 1.djvu/140

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coup plus gros qu’il n’était nécessaire. Cette palissade terminée, et son extérieur étant doublement défendu par un revêtement de gazon adossé contre pour la dissimuler, je me persuadai que s’il advenait qu’on abordât sur cette terre on n’apercevrait rien qui ressemblât à une habitation ; et ce fut fort heureusement que je la fis ainsi, comme on pourra le voir par la suite dans une occasion remarquable.

Chaque jour j’allais chasser et faire ma ronde dans les bois, à moins que la pluie en m’en empêchât, et dans ces promenades je faisais assez souvent la découverte d’une chose ou d’une autre à mon profit. Je trouvais surtout une sorte de pigeons qui ne nichaient point sur les arbres comme font les ramiers, mais dans des trous de rocher, à la manière des pigeons domestiques. Je pris quelques-uns de leurs petits pour essayer à les nourrir et à les apprivoiser, et j’y réussis. Mais quand ils furent plus grands ils s’envolèrent ; le manque de nourriture en fut la principale cause, car je n’avais rien à leur donner. Quoi qu’il en soit, je découvrais fréquemment leurs nids, et j’y prenais leurs pigeonneaux dont la chair était excellente.

En administrant mon ménage je m’aperçus qu’il me manquait beaucoup de choses, que de prime-abord je me crus incapable de fabriquer, ce qui de fait se vérifia pour quelques-uns : par exemple, je ne pus jamais amener une futaille au point d’être cerclée. J’avais un petit baril ou deux, comme je l’ai noté plus haut ; mais il fut tout-à-fait hors de ma portée d’en faire un sur leur modèle, j’employai pourtant plusieurs semaines à cette tentative : je ne sus jamais l’assembler sur ses fonds ni joindre assez exactement ses douves pour y faire tenir de l’eau ; ainsi je fus encore obligé de passer outre.