Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 1.djvu/214

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pas beaucoup. Quant au four, j’étais vraiment en grande peine.

À la fin je trouvai l’expédient que voici : je fis quelques vases de terre très larges et peu profonds, c’est-à-dire qui avaient environ deux pieds de diamètre et neuf pouces seulement de profondeur ; je les cuisis dans le feu, comme j’avais fait des autres, et je les mis ensuite à part. Quand j’avais besoin de cuire, j’allumais d’abord un grand feu sur mon âtre, qui était pavé de briques carrées de ma propre fabrique ; je n’affirmerais pas toutefois qu’elles fussent parfaitement carrées.

Quand le feu de bois était à peu près tombé en cendres et en charbons ardents, je les éparpillais sur l’âtre, de façon à le couvrir entièrement, et je les y laissais jusqu’à ce qu’il fût très chaud. Alors j’en balayais toutes les cendres, je posais ma niche ou mes miches que je couvrais d’une jatte de terre, autour de laquelle je relevais les cendres pour conserver et augmenter la chaleur. De cette manière, aussi bien que dans le meilleur four du monde, je cuisais mes pains d’orge, et devins en très-peu de temps un vrai pâtissier ; car je fis des gâteaux de riz et des poudings. Toutefois je n’allai point jusqu’aux pâtés : je n’aurais rien eu à y mettre, supposant que j’en eusse fait, si ce n’est de la chair d’oiseaux et de la viande de chèvre.

On ne s’étonnera point de ce que toutes ces choses me prirent une grande partie de la troisième année de mon séjour dans l’île, si l’on considère que dans l’intervalle de toutes ces choses j’eus à faire mon labourage et une nouvelle moisson. En effet, je récoltai mon blé dans sa saison, je le transportai au logis du mieux que je pouvais, et je le conservai en épis dans une grande manne jusqu’à ce que