Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 1.djvu/348

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Vendredi. — Eux emporter un, deux, trois et moi, et faire aller dans le canot ; ma nation n’avoir pas canot cette fois.

Le maître. — Eh bien, Vendredi, que fait ta nation des hommes qu’elle prend ? les emmène-t-elle et les mange-t-elle aussi ?

Vendredi. — Oui, ma nation manger hommes aussi, manger touts.

Le maître. — Où les mène-t-elle ?

Vendredi. — Aller à toute place où elle pense.

Le maître. — Vient-elle ici ?

Vendredi. — Oui, oui ; elle venir ici, venir autre place.

Le maître. — Es-tu venu ici avec vos gens ?

Vendredi. — Oui, moi venir là. — Il montrait du doigt le côté Nord-Ouest de l’île qui, à ce qu’il paraît, était le côté qu’ils affectionnaient.

Par là je compris que mon serviteur Vendredi avait été jadis du nombre des Sauvages qui avaient coutume de venir au rivage dans la partie la plus éloignée de l’île, pour manger de la chair humaine qu’ils y apportaient ; et quelque temps, après, lorsque je pris le courage d’aller avec lui de ce côté, qui était le même dont je fis mention autrefois, il reconnut l’endroit de prime-abord, et me dit que là il était venu une fois, qu’on y avait mangé vingt hommes, deux femmes et un enfant. Il ne savait pas compter jusqu’à vingt en anglais ; mais il mit autant de pierres sur un même rang et me pria de les compter.

J’ai narré ce fait parce qu’il est l’introduction de ce qui suit. — Après que j’eus eu cet entretien avec lui, je lui demandai combien il y avait de notre île au continent, et si les canots rarement périssaient. Il me répondit qu’il n’y