Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/207

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dinaire au sujet d’un personnage que je dois, avant de commencer, — pour le dépeindre fidèlement, — en des termes fort à son désavantage aux yeux des Protestants, représenter d’abord comme Papiste, secondement comme prêtre papiste et troisièmement comme prêtre papiste français[1].

Mais la justice exige de moi que je lui donne son vrai caractère ; et je dirai donc que c’était un homme grave, sobre, pieux, plein de ferveur, d’une vie régulière, d’une ardente charité, et presque en toutes choses d’une conduite exemplaire. Qui pourrait me blâmer d’apprécier, nonobstant sa communion, la valeur d’un tel homme, quoique mon opinion soit, peut-être ainsi que l’opinion de ceux qui liront ceci, qu’il était dans l’erreur ?[2]

Tout d’abord que je m’entretins avec lui, après qu’il eut consenti à aller avec moi aux Indes-Orientales, je trouvai, non sans raison, un charme extrême dans sa conversation. Ce fut de la manière la plus obligeante qu’il entama notre première causerie sur la religion.

— « Sir, dit-il, non-seulement, grâce à Dieu, — à ce nom il se signa la poitrine, — vous m’avez sauvé la vie, mais vous m’avez admis à faire ce voyage dans votre navire, et par votre civilité pleine de déférence vous m’avez reçu dans votre familiarité, en donnant champ libre à mes discours. Or, Sir, vous voyez à mon vêtement quelle est ma communion, et je devine, moi, par votre nation, quelle est la vôtre. Je puis penser qu’il est de mon devoir, et cela n’est pas douteux, d’employer touts mes efforts, en toute occasion, pour amener le plus d’âmes que je puis et à la connaissance de la vérité et à embrasser la doctrine catholique ; mais, comme je suis ici sous votre bon vouloir et dans votre famille, vos amitiés

  1. Voir à la Dissertation religieuse.
  2. Voir à la même Dissertation.