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Ce cheval, en effet, n’est guère réclamé que par l’armée, le commerce n’en veut pas. Si donc les remontes le délaissent, vous serez toujours en perte soit que vous vouliez vous en défaire, soit que vous vouliez le garder pour les besoins de l’agriculture. Ce n’est pas un cheval irritable, méchant, souvent emporté, faisant un travail irrégulier qu’il faut pour conduire la charrue ou traîner le tombereau dans les champs !

Après avoir jeté un coup d’œil rapide sur les effets du pur-sang anglais sur nos races de trait passons en revue ces mêmes effets sur nos races légères. Où sont ces brillants chevaux navarrins et limousins qui firent la gloire des armées de la Révolution et de l’Empire ? ils sont fatalement perdus. Bien que nous n’ignorions pas que l’action du temps n’ait été pour quelque chose dans leur disposition, nous devons reconnaître que l’administration des haras a hâté leur chute par la fausse science qui a présidé à toutes ses opérations.

Et le voyageur est étonné, lorsque traversant les riches provinces du Midi et du centre de la France, de ne voir partout que des chevaux décousés et sans type. Presque tous les individus qu’ils rencontrent portent bien quelques traces de sang anglais, ici c’est dans la tête, là dans l’encolure, plus loin dans les membres, mais les proportions ne sont pas gardées. Et le voyageur ne tarde pas à s’apercevoir que les chevaux qu’il observe ne sont qu’un assemblage informe de qualités et de défauts tout à fait incompatibles avec les dispositions d’une bonne machine devant être employée comme force motrice.

Ces misérables produits que l’on décore du nom d’anglo-navarrins ou d’anglo-limousins, sont sans résistance et sans fond, couverts de tares et méchants.