Page:Delécluze - Romans, contes et nouvelles, 1843.djvu/122

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occasions de travail avec vous, sous prétexte de ménager votre santé. Cependant, et parfois, vous en avez souffert, ainsi que le gouvernement du saint-siége ; il vous a accablé de détails à l’occasion d’affaires contentieuses d’un intérêt fort secondaire, sans parler jamais de ce qu’il vous importe surtout de connaître : de l’ensemble et de l’enchaînement de ce qui s’est passé depuis que vous êtes sur le trône. Voilà quatre ans environ que vous régnez ; or il est bon de savoir d’où nous sommes partis et où nous en sommes arrivés, car selon toute apparence il nous faudra bientôt prendre une marche toute différente de celle que nous avons suivie. Écoutez un peu patiemment, poursuivit dona Olimpia, qui vit les sourcils du pontife se froncer ; rappelez-vous qu’à la mort d’Urbain VIII, votre prédécesseur, malgré tous les efforts de ses neveux, soutenus par la France, il leur fut impossible de persuader au conclave de nommer un pape qui, en soutenant leur famille rapace, éternisât les exactions et les rapines que les cardinaux Antoine et François, ainsi que tous les Barberins, avaient exercées en Italie pendant le règne de vingt-un ans de leur oncle. En vous exaltant sur le saint-siége, on vous imposa tacitement la condition de mettre un frein au népotisme, et de faire rendre gorge aux Barberins des trésors immenses qu’ils avaient amassés. Fidèle à cet engagement qui vous fit accueillir avec transport par la chrétienté et tourna à l’avantage des intérêts spirituels et temporels du saint-siége, vous n’avez pas tardé à vous déclarer contre les Barberins, et à faire rechercher tous les actes de leur administration pendant le pontificat de leur oncle. Vous ne l’ignorez pas ; plus de deux cents gouvernements, dignités, offices, abbayes et bénéfices, dont les revenus étaient absorbés par cette famille, sont rentrés à la disposition du saint-siége et ont été distribués entre les véritables défenseurs de l’Église romaine, par la juste répartition qu’en a faite votre sainteté.

— C’est vous seule, ma sœur, qui avez pris tous ces soins !

— J’ai suivi votre intention : heureuse encore en cette occasion, si j’ai pu vous délivrer des ennuis pesants que