Page:Delécluze - Romans, contes et nouvelles, 1843.djvu/222

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l’erreur, en faisant croire par son entrée scandaleusement solennelle, qu’elle y revenait par votre ordre. Voilà ce qui fait son crime..... Oui, son crime, ajouta Olimpia, qui, surprenant un sourire sur les lèvres du pape, sentit croître sa colère ; car vous vous abusez aussi complètement sur les intentions de la coupable que sur le caractère de ses fautes. Toute la noblesse espagnole et française, les cardinaux d’Est, Sforza ; Spada, votre grand pénitencier ; Cecchini le dataire, Palotta le mauvais plaisant ; Capponi, qui s’avise de cesser d’être prudent ; Lanti, que vous avez comblé de faveurs ; tous, et tant d’autres que je ne saurais nommer, se sont empressés de courir au palais Farnèse, pour faire la cour à la princesse. Les étrangers, on peut le croire au moins, ont été trompés par l’apparence ; mais vos sujets sont au moins coupables de désobéissance envers vous, puisqu’ils n’ont point attendu vos ordres. Il faut réprimer de tels actes, punir ceux qui y ont pris part, et surtout celle qui les a provoqués par son incroyable audace, ou votre autorité et votre honneur seront compromis ! — Plus calme que vous, madame, je serai plus équitable. Ce qu’il y a de vrai dans vos observations ne m’est point échappé ; mais je le redis encore, vous en exagérez l’importance et la gravité... — Comment ?... — Permettez, dit le pontife en engageant sa belle-sœur à se calmer ; mon intention est de donner à la princesse de Rossano un avertissement... — Un avertissement ! grand Dieu !... — De se montrer plus docile à l’avenir. — Il faut qu’elle soit punie !... chassée ! interrompit vivement dona Olimpia. — La princesse de Rossano ! la femme de mon neveu ! enceinte de huit mois ! y pensez-vous ? ma sœur..... » Ces derniers mots firent tomber dona Olimpia dans une espèce d’abattement, dont elle ne sortit que pour dire tout à coup : « Eh bien ! prenons un biais, permettons-lui de rester ici incognito, mais qu’ostensiblement elle subisse son exil. — Comment ? — Renouvelez l’ordre de son bannissement, exigez qu’elle fasse sortir de Rome sa voiture vide, mais fermée et entourée de tout le cortège de ceux qui l’accompagnaient à son entrée triomphale ; alors, les égards envers votre nièce seront observés comme vous le désirez si vivement, et votre