Page:Delécluze - Romans, contes et nouvelles, 1843.djvu/230

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tentative qu’elle a faite en élevant successivement par vos mains, au cardinalat, d’abord son fils, don Pamphile, puis ensuite son neveu Maldachini ? Aurait-elle agi de la sorte si elle n’eût pas été persuadée qu’un cardinal neveu, si indolent, si inepte qu’on le suppose, par cela seul que sa qualité d’homme lui permet d’être revêtu d’un titre, puis de fonctions dont les attributs sont déterminés, est capable d’exercer une action plus directe, plus régulière, et à laquelle on se soumet plus volontiers qu’à la puissance capricieuse et flottante d’une femme, qui, en dernière analyse, et comme vous le savez bien, saint-père, dépend de la volonté de celui qui la laisse jouer avec le pouvoir au gré de tous ses caprices ? Dona Olimpia avait donc reconnu, et selon moi avec raison, la nécessité de créer un cardinal neveu, un cardinal patron. Aussi devez-vous vous souvenir que dès que les deux que j’ai nommés furent mis à l’essai, je déployai tout mon zèle pour les initier à la connaissance des affaires d’état, et les rendre dignes du poste qu’on désirait leur confier, parce qu’en effet je regardais l’exercice de cet emploi comme indispensable à votre cour, et que rien ne m’eût été plus doux que de le voir bien rempli par quelqu’un des vôtres ; mais... malgré nos efforts et nos soins, nous ne pûmes réussir !... — Hélas ! dites donc que nous nous sommes grossièrement trompés, interrompit le pape, et que moi surtout j’ai commis une faille énorme en élevant ce petit sot de Maldachini ! — Ne revenons sur le passé, saint-père, que pour profiter de l’expérience qu’il nous donne. Votre intention a été généreuse, il suffit ; occupons-nous de réparer le mal qui s’est introduit malgré vous. Ce mal est grand, il faut le dire, parce qu’il s’est accru sans contrôle et outre mesure, comme la puissance de la personne, qui l’a fait naître... bien involontairement sans doute... Mais supposez pour un instant que le prince don Pamphile, que Maldachini ou tout autre enfin, créé cardinal patron, ait seulement l’aptitude indispensable pour suivre régulièrement le cours des affaires, alors il pourra recevoir en votre nom les demandes et les traités que présentent les ambassadeurs ; autorisé par son titre et ses fonctions, il donnera des audiences pour vous, en-