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homme donnait de l’inquiétude à dona Olimpia, il ne la découragea point. Elle attendit, pour essayer de rétablir quelques relations avec le pape, un accident qui ne pouvait manquer d’arriver prochainement. En effet, elle ne tarda pas à être instruite que le pontife éprouvait une de ses indispositions accoutumées. Elle écrivit d’abord billet sur billet à Innocent pour s’informer de sa santé ; et quand elle supposa que les soins qu’elle lui avait toujours prodigués en pareille occasion étaient devenus indispensables, elle se rendit de nuit au palais pontifical, dont elle connaissait si bien les détours, et où elle trouva en effet moyen de pénétrer.

Le cœur du pontife tressaillit en la voyant entrer. « C’est vous ? demanda-t-il d’une voix émue. — C’est votre sœur qui vient voir et assister son frère, » répondit Olimpia. Et sans autre préambule elle s’empressa de mettre ses oreillers, ses couvertures en ordre et dans la disposition que le malade préférait. Le pape voulut parler ; mais elle l’engagea à garder le silence. « Ne vous fatiguez pas, frère, tenez-vous en repos, dit-elle. Je vais voir si vos boissons ont été convenablement préparées, pour vous les faire prendre quand il en sera temps. Tâchez de reposer, et ne dites mot. » Elle l’enveloppa avec sollicitude, s’assit à quelque distance du lit sans proférer une parole, ne se montrant occupée que de prévenir par ses soins, les volontés et même les fantaisies du malade.

La nuit se passa ainsi silencieusement par la volonté de dona Olimpia, qui ne laissa dire au pape et ne proféra elle-même que le peu de paroles qu’il fut indispensable d’échanger pour l’administration des médicaments. Un peu avant le jour, la belle-sœur d’Innocent prit congé de lui, après avoir demandé si sa présence serait nécessaire la nuit prochaine, précaution dont on lui sut gré. Elle revint le soir suivant, puis la nuit d’après, accordant à chaque fois au malade la faculté de parler un peu plus longuement. Au fond, l’indisposition du pape, cette fois, avait été si légère, que le public de Rome en avait à peine eu connaissance. Innocent pouvait recevoir pendant la partie de la journée consacrée aux affaires, et sa maladie ne revenait que le soir vers minuit, préci-