Page:Delécluze - Romans, contes et nouvelles, 1843.djvu/304

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couragé quand vient le moment où il faut les affronter et les vaincre.

Mais, comme il arrive assez ordinairement, ce ne fut pas l’obstacle si redouté par dona Olimpia qui mit le plus d’embarras dans le reste de sa carrière, car cette femme eut la satisfaction d’assister à la mort presque subite de celui qu’elle craignait tant de voir succéder à son beau-frère. « Pancirole est mort, s’écria-t-elle toute joyeuse lorsqu’on lui apprit que ce cardinal avait été subitement étouffé par la goutte, et je vis ! »

Ce peu de paroles exprimait l’aise où la mettait la disparition d’un rival dangereux auprès de son beau-frère, et en outre d’un accusateur qui serait devenu terrible pour elle s’il eût été couronné.

La mort de Pancirole fut en effet un événement très-favorable à dona Olimpia, qui, débarrassée ainsi d’un pontife futur dont elle avait tout à craindre, redoubla aussitôt de soins et d’intrigues pour augmenter le nombre de ses créatures dans le sacré collège, et se préparer les moyens de faire nommer pour successeur à Innocent X un homme en qui elle pût mettre quelque espérance, ou au moins qui ne lui fût pas hostile.

Malgré tout le dépit secret qu’elle éprouvait de ne plus jouir d’une faveur ouverte à la cour, dona Olimpia était trop habile pour ne le point cacher. Elle le couvrait même sous le voile d’une résignation dont elle espérait tirer plus tard avantage. Parmi les personnes qui depuis sa demi-disgrâce paraissaient être entrées le plus avant dans la confiance du pape, la jeune et belle princesse de Rossano était celle qui lui portait le plus d’ombrage. Sa faveur était grande en effet. C’était à elle que l’on s’adressait pour solliciter les grâces du pontife, et il était rare qu’elle n’obtînt pas ce qu’elle demandait. Il est vrai que pour une personne de ce temps, et qui faisait partie de la cour de Rome, la princesse de Rossano avait des qualités et des vertus qui lui permettaient d’user de sa faveur, sans que les ambitieux, les intrigants et les fripons en prissent de l’ombrage. Elle ne prenait ordinairement part aux demandes que quand elles étaient raisonnables et