Page:Delécluze - Romans, contes et nouvelles, 1843.djvu/325

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« J’ai mille excuses à vous faire, princesse, dit Antoine, pour les retards que j’ai mis à vous répondre ; mais la question ne pouvait être résolue par moi seul, et j’ai eu quelque peine à réunir pour les consulter tous ceux qu’elle intéresse. — Eh bien, interrompit dona Olimpia, qu’a-t-on décidé ? — Mon frère le cardinal François et l’un de mes neveux sont disposés, princesse, à accepter l’honneur d’une alliance avec votre famille ; mais on n’est pas également d’accord sur les conditions particulières attachées à ce mariage. — Quelles objections croit-on devoir faire ? — Outre la restitution du surplus des biens confisqués, on pense que, dans l’intérêt des deux jeunes gens que l’on se propose d’unir, il serait juste de leur assurer une dot. — Ah ! et après ? — Le fils aîné de feu notre frère don Taddeo s’est destiné dès son adolescence à la prélature, dans l’espérance assez bien fondée, je le crois, qu’il pourrait être élevé au cardinalat... — Alors tout est terminé, interrompit vivement dona Olimpia, puisqu’il ne veut pas se marier. — Peut-être, princesse, reprit Antoine, qui s’était attendu à la vivacité de cette observation, peut-être y aurait-il moyen d’aplanir la difficulté que cette circonstance présente..... — Oui, je vous comprends, en faisant épouser ma petite-fille au cadet de vos neveux ; mais cela ne peut être, mon cher cardinal. Je vous ai avoué franchement que nous avions besoin d’appui ; mais nous ne sommes pas tellement infirmes que nous ne choisissions pas parmi les secours qu’on nous offre... Vous savez que je sors de chez sa sainteté, ajouta brusquement dona Olimpia, qui jugea à propos de ne pas laisser le cardinal profiter plus longtemps de sa prétendue ignorance. Ce soir je dois retourner à son palais ; il y aura une réunion de famille, après laquelle je me propose de lui parler des projets que vous et moi avons formés, et des difficultés que leur exécution présente. Je vous dirai ce que le pape en pensera. — Je félicite le saint-père, dit avec une politesse exquise le cardinal, de ce qu’il va profiter de nouveau de votre constante amitié et de l’excellence de vos conseils. C’est une circonstance heureuse pour sa sainteté, pour le saint-siége et pour nous tous. Mais puisque votre intention est de toucher quelques mots