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pape, par l’intermédiaire de son ambassadeur, qu’il était instruit de tout, que ses mesures étaient prises pour faire la guerre au saint-siége, mais qu’il était disposé à continuer de vivre en paix, si l’on renonçait à une entreprise extravagante.

Cette nouvelle jeta dans la consternation les Pamphiles et les Barberins. Les jeunes femmes surtout ne virent pas sans un grand chagrin leurs comtés, leurs principautés et leurs royaumes s’évanouir en fumée. Antoine, qui avait une tête à projets, se flatta d’en former bientôt un autre plus brillant encore ; mais les deux personnes qui apprirent cet événement avec le plus de calme furent le pape et dona Olimpia.

Cette femme, dont les calculs avaient toujours quelque chose de positif, comparait souvent, depuis le projet d’envahissement du royaume, les chances de succès avec les dépenses énormes que pouvait entraîner cette entreprise, pour peu qu’il se présentât quelque obstacle. La nature de son esprit lui faisait toujours rejeter les opérations dont le succès ne lui était pas démontré infaillible ; aussi pendant le cours de sa vie active avait-elle toujours détourné le pape de l’idée de prendre part aux ligues avec les autres états, ou de faire inconsidérément la guerre. Dans les grandes occasions elle savait bien faire usage de ses trésors ; mais elle voulait savoir d’avance les sacrifices qu’elle devait faire, et c’est pour cela qu’elle redoutait tant les guerres, dont il est toujours impossible de calculer ou juste la durée, et par conséquent les frais.

Une petite honte, fort naturelle, fut cause qu’il ne se dit plus un seul mot sur le royaume de Naples, entre les familles Pamphile et Barberine ; et toutes les espérances, tous les intérêts qui s’étaient un instant fixés autour du Vésuve, se concentrèrent de nouveau à Rome et au Vatican.

Il y avait déjà quelque temps que ces rêves de fortune étaient évanouis, lorsqu’un jour le pape devant tenir consistoire, demanda avec humeur devant quelques-uns de ses grands officiers, pourquoi le cardinal neveu n’était pas encore présent. Sur cette observation impérieuse, on s’em-