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Malgré le vif désir que j’ai d’être agréable à votre excellence, ma science et mon zèle ne peuvent pas faire plus. »

La sincérité et la sagesse avec lesquelles Parisio s’exprima donnèrent une haute idée du médecin à dona Olimpia. Toutefois, comme ce qui contente l’esprit ne réussit jamais aussi bien que ce qui flatte les passions, ce fut la prédiction de l’astrologue Bertucci qui fixa les incertitudes de la princesse.

Elle ne balança plus, et se persuada que les quinze jours suffiraient à peine pour mettre ordre aux affaires comme elle l’entendait. D’abord elle profita de tous les instants lucides de la raison du pape pour lui faire faire les dispositions les plus avantageuses en faveur de ses héritiers ; puis, quand le pontife tombait en somnolence, elle procédait à l’inventaire des papiers, et s’assurait de l’état des cassettes renfermant les trésors ; en outre, elle donna le conseil à la princesse de Rossano, ainsi qu’aux Justiniani et aux Ludovisi, de quitter le Vatican, où ils demeuraient encore, afin d’effectuer lentement et tout à l’aise le transport des meubles et des objets précieux que le pape y avait amassés dans ses appartements. Toutes ces richesses étaient portées au palais Pamphile, où dona Olimpia les faisait mettre en ordre et enfermer avec soin.

Quant au trésor en monnaie d’or et d’argent, qui avait été transporté du Vatican au Quirinal lorsque le pape y rentra, elle se chargea de le réunir à tout ce que l’on avait déjà amassé au palais Pamphile. Presque tous les soirs, vers les neuf heures, lorsque Innocent, fatigué de la journée, tombait dans une espèce de sommeil léthargique, dona Olimpia, saisissant cet instant de repos dont l’expérience lui avait appris à connaître la durée, en profitait pour aller passer quelques heures à la place Navone. On l’y conduisait en portantine, et il ne fallait pas moins de six laquais pour se relayer pendant cette course, tant la voyageuse nocturne ajoutait d’or et d’argent chaque fois au poids de sa personne. Arrivée chez elle, et après avoir mis cette portion de sa récolte en sûreté, Flaminia l’aidait à renouveler ses vêtements, tout en prenant soin de lui faire un rapport fidèle et circonstancié de ce qui s’était passé au palais pendant le temps de