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il s’avança avec empressement vers M. de Liron et lui présenta la main en lui demandant l’hospitalité. À peine les compliments d’usage furent-ils échangés qu’il s’enquit de la santé de mademoiselle de Liron, et témoigna une vive impatience d’aller lui présenter ses hommages.

— Allons, allons, Ernest, dit M. de Liron, tournons nos pas vers la maison, car ma fille nous y attend.

En effet, tandis que les domestiques transportaient le bagage de M. de Thiézac à l’appartement qui lui était destiné, l’oncle, le neveu et le nouvel hôte se dirigèrent du côté de la maison. Comme ils étaient sur le point de monter les marches du perron, M. de Thiézac dit à M. de Liron, en lui offrant aussi son bras :

— Votre jeune acolyte est sans doute monsieur votre neveu, au sujet de qui vous m’avez écrit ?

— Précisément, répondit le vieillard.

— Oh bien ! continua vivement M. de Thiézac en souriant à Ernest, j’ai obtenu pour lui ce que vous désiriez. La demande a été parfaitement accueillie, et pour peu que votre jeune homme ait quelque curiosité de voir Paris, il pourra la contenter promptement, car sa présence y est bien impatiemment attendue, je vous assure.

M. de Liron s’arrêta un instant pour prendre les mains de M. de Thiézac en signe de reconnaissance, puis on avança vers le salon.

Mademoiselle Justine y était. Depuis que son père et son cousin en étaient sortis, jusqu’au moment où ils furent près d’y rentrer avec M. de Thiézac, elle était restée d’abord près d’une fenêtre, le front collé sur une vitre, regardant machinalement les plantes qui bordaient la maison. Mais aussitôt que les arrivants eurent dépassé la grande avenue, et qu’elle put les voir, elle recula de quelques pas pour observer plus à l’aise ces trois personnes, qui comprenaient en elles l’énigme de toute sa destinée. Son esprit était plongé dans un abîme de réflexions contradictoires, lorsque ces trois messieurs entrèrent dans le salon. Ernest était pâle comme la mort, et tandis qu’il aidait tant bien que mal son vieil oncle à s’établir dans son fauteuil, M. de Thiézac s’avança d’une manière