Page:Delécluze - Romans, contes et nouvelles, 1843.djvu/420

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nullement d’humeur, pas plus que son époux, à voir élire un pape qui, en prenant trop exclusivement les intérêts de leur mère, risquât de rendre à cette femme l’exercice d’un pouvoir qui leur était devenu odieux. Au surplus, l’abus que dona Olimpia en avait fait avait détaché d’elle toute sa famille ; et son neveu, le jeune Maldachini lui-même, revêtu de la pourpre si jeune par elle, devenu, presque aussitôt son élévation, l’un de ses accusateurs les plus ardents, comptait encore dans le conclave parmi ceux qui portaient Chigi avec le plus d’empressement.

À peine le petit escadron apprit-il que la faction espagnole commençait à pencher en faveur de Chigi, et que leurs confrères de l’escadron volant affirmaient à qui voulait les entendre la disposition où ils étaient parvenus à mettre l’esprit de l’ancien secrétaire d’état ; que les Barberins, qui n’étaient pas encore en mesure pour l’avenir, usèrent du pouvoir qu’ils s’étaient adroitement ménagé sur les cardinaux de leur faction pour contrebalancer momentanément la chance naissante de Chigi. On porta de nouveau Sachetti avec plus de persévérance ; et bientôt les bulletins et les travaux du conclave reprirent leur monotonie accoutumée.

Le jeune cardinal Charles Barberin, le frère de celui qui avait épousé la petite-fille de dona Olimpia, ne partageait pas entièrement les intentions de ses deux oncles, François et Antoine. Charles était un homme plein de piété et de droiture, ayant une aversion naturelle pour tout ce qui avait l’apparence d’une intrigue, et à son entrée au conclave, il n’avait voulu s’associer à aucune faction, à aucune cabale. Dominé seulement par le désir de voir faire une élection favorable au gouvernement de l’Église, il était prêt à donner sa voix à tous les sujets qui lui paraissaient dignes, désirant toutefois au fond du cœur que le choix tombât sur Fabio Chigi.

Personne dans le sacré collège n’ignorait cette disposition du jeune Barberin ; ses oncles moins que tous les autres. Azzolini, ainsi que de Retz, en avaient plus d’une fois parlé ensemble, avec l’idée d’en tirer parti pour faciliter l’élection de Chigi. « Engagez donc Charles à aller voir Chigi dans sa