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vait présumer que la princesse était tombée dans un trajet qu’elle avait l’intention de faire dans sa chambre. On la trouva non loin d’un secrétaire demeuré ouvert. Elle était entourée d’une couverture dont elle paraissait s’être servie comme d’un refuge pour mourir, car ses bras croisés sur la poitrine étaient encore engagés dans les replis de son enveloppe.

Ce serait une narration longue et trop repoussante que de dire en détail les soins étranges qu’il fallut prendre pour dégager le cadavre de cette femme de tout ce qui l’entourait. Le prince, aidé de deux personnes de confiance, accomplit ce pénible devoir avec autant de prudence que de courage. Mais au moment où le corps de dona Olimpia fut soulevé pour être placé sur un brancard, la tête, entraînée par son propre poids, étant venue à tomber de côté, il s’échappa de la bouche quatre énormes diamants que la défunte y avait introduits, probablement pour les soustraire à la rapacité des étrangers après sa mort. Le prince, qui connaissait ces pierres, dont la valeur s’élevait au moins à six cent mille francs, les recueillit dans un vase. Ce fut un spectacle étrange que l’éclat de ces diamants s’échappant tout à coup de ce cadavre informe, et il sembla que dona Olimpia, dont toutes les pensées, toutes les actions durant sa vie, n’avaient été employées qu’à amasser des richesses, ne rendît l’âme qu’à ce moment.

Dom Camille fit transporter le corps de sa mère à Viterbe, où il le fit déposer dans l’église, pour attendre que des circonstances plus opportunes lui permissent de lui faire élever un tombeau dans l’église de Sainte-Agnèse, où elle avait toujours témoigné le désir d’être enterrée.

ÉPILOGUE.

Les événements de ce monde s’enchaînent tellement, qu’il est rare d’y surprendre l’apparence d’un dénoûment ; aussi l’auteur de Dona Olimpia ne se fera-t-il aucun scrupule d’avouer que, sans la mort de son héroïne, il eût été fort