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employaient une foule d’ouvriers, et distribuaient d’abondantes aumônes dans les diverses paroisses de Rome. On ne manquait pas d’associer le jeune don Juan à tous ces actes de splendeur et de bienfaisance, et il se passait peu de jours sans que la princesse et son fils ne reçussent les remercîments et les bénédictions du peuple en parcourant les rues.

À ces actes extérieurs, la princesse joignait toutes les précautions que la plus exquise politesse et la conduite la plus habile pouvaient inventer pour attirer dans l’intérieur de son palais les grandes familles romaines et les hommes les plus considérables de la cour. Depuis la cessation de la peste, et pour mettre une ligne bien tranchée entre les souvenirs que l’on conservait de sa belle-mère et ses propres habitudes, elle s’était imposé la loi de ne solliciter aucune audience du pape, n’ignorant pas que cette réserve lui assurait toutes les grâces, qu’il lui était d’ailleurs si facile de faire demander par son époux, devenu l’un des conseillers habituels du saint-père.

Comme il arrive toujours après les grandes calamités, les habitants de la ville de Rome sentirent le besoin impérieux de se livrer à toute espèce de plaisirs dès que la peste eut cessé, et la princesse de Rossano faisant tourner cette disposition au profit de ses desseins, donna des fêtes magnifiques dans le palais Pamphile, où elle attira ceux même des grands qui s’efforçaient encore de récriminer contre dona Olimpia. Plusieurs furent apaisés par des grâces inattendues ou des espérances qui ne pouvaient manquer d’être réalisées ; d’autres se laissèrent convaincre par des raisonnements plus spécieux que justes. L’espoir d’être protégé par le prince Pamphile et madame de Rossano, si bien en cour, en rendit plus d’un circonspect ; et enfin l’impossibilité à peu près démontrée de restituer régulièrement ce qui avait été pris et détourné par dona Olimpia, jeta un doute et une hésitation dans les esprits, que le temps ne fit qu’accroître.

François et Antoine Barberin, si vivement intéressés dans cette affaire, suivaient attentivement ce refroidissement de la haine publique, et pour l’augmenter encore usaient de l’influence qu’ils avaient à la cour et près des grands, pour