Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais dans leur forme pure. En vain leurs caractères
Semblent offrir aux yeux des plantes étrangères,
Que des fleuves, des lacs et des mers en courroux
Le roulement affreux apporta parmi nous :
Leurs traits inaltérés, les couches plus profondes
Des lits que de la mer ont arrêtés les ondes ;
Souvent deux minces lits, léger travail des eaux,
L’un sur l’autre sculptés par les mêmes rameaux ;
Tout d’une cause lente annonce aux yeux l’ouvrage.
Ainsi, sans recourir à tout ce grand ravage,
Le sage ne voit plus que des effets constans,
Le cours de la nature et la marche du temps.
Mais j’aperçois d’ici les débris d’un village :
D’un désastre fameux tout annonce l’image.
Quels malheurs l’ont produit ? Avançons, consultons
Les lieux et les vieillards de ces tristes cantons.
Dans les concavités de ces roches profondes,
Où des fleuves futurs l’air déposoit les ondes,
L’eau, parmi les rochers se filtrant lentement,
De ces grands réservoirs mina le fondement.
Les voûtes, tout à coup à grand bruit écroulées,
Remplirent ces bassins, et les eaux refoulées,
Se soulevant en masse et brisant leurs remparts,
Avec les bois, les rocs et leurs débris épars,
Des hameaux, des cités traînèrent les ruines.
Leur cours se lit encore au creux de ces ravines,