Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/103

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Répandit, confondit en une vaste mer,
Et les eaux de la terre et les torrens de l’air ;
Où s’élevoient des monts, étendit des campagnes ;
Où furent des vallons, éleva des montagnes ;
Joignit deux continens dans les mêmes tombeaux ;
Du globe déchiré dispersa les lambeaux ;
Lança l’eau sur la terre et la terre dans l’onde,
Et roula le chaos sur les débris du monde.
De là ces grands amas dans la terre enfermés,
Ces bois, noirs alimens des volcans enflammés,
Et ces énormes lits, ces couches intestines,
Qui d’un monde sur l’autre entassent les ruines.
Ailleurs d’autres dépôts se présentent à vous,
Formés plus lentement par des moyens plus doux.
Les fleuves, nous dit-on, dans leurs errantes courses,
En apportant aux mers les tributs de leurs sources,
Entraînèrent des corps l’un à l’autre étrangers,
Quelques-uns plus pesans, les autres plus légers.
Les uns au fond de l’eau tout à coup se plongèrent ;
Quelque temps suspendus les autres surnagèrent,
De là précipités dans l’humide séjour,
Sur ces premiers dépôts s’assirent à leur tour.
Des couches de limon sur eux se répandirent,
Sur ces lits étendus d’autres lits s’étendirent ;
Des arbustes sur eux gravèrent leurs rameaux,
Non brisés par des chocs, non dissous par les eaux,