Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/107

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Dans ce désastre affreux quels fleuves ont tari !
Quels sommets ont croulé, quels peuples ont péri !
Les vieux âges l’ont su, l’âge présent l’ignore ;
Mais de ce grand fléau la terreur dure encore.
Un jour, peut-être, un jour, les peuples de ces lieux
Que l’horrible volcan inonda de ses feux,
Heurtant avec le soc des restes de murailles,
Découvriront ce gouffre, et, creusant ses entrailles,
Contempleront au loin avec étonnement
Des hommes et des arts ce profond monument ;
Cet aspect si nouveau des demeures antiques ;
Ces cirques, ces palais, ces temples, ces portiques ;
Ces gymnases du sage autrefois fréquentés,
D’hommes qui semblent vivre encor tout habités :
Simulacres légers, prêts à tomber en poudre,
Tous gardant l’attitude où les surprit la foudre ;
L’un enlevant son fils, l’autre emportant son or,
Cet autre ses écrits, son plus riche trésor ;
Celui-ci dans ses mains tient son dieu tutélaire ;
L’autre, non moins pieux, s’est chargé de son père ;
L’autre, paré de fleurs et la coupe à la main,
A vu sa dernière heure et son dernier festin.
Gloire, honneur à Buffon, qui, pour guider nos sages,
Eleva sept fanaux sur l’océan des âges,
Et, noble historien de l’antique univers,
Nous peignit à grands traits ces changemens divers !