Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/117

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Épouvantent de loin les hôtes des forêts.
Paissez, jeunes chevreuils, sous vos ombrages frais ;
Oiseaux, ne craignez rien : ces chasses innocentes
Ont pour objet les fleurs, les arbres et les plantes ;
Et des prés et des bois, et des champs et des monts
Le porte-feuille avide attend déjà les dons.
On part : l’air du matin, la fraîcheur de l’aurore
Appellent à l’envi les disciples de Flore.
Jussieu marche à leur tête ; il parcourt avec eux
Du règne végétal les nourrissons nombreux.
Pour tenter son savoir quelquefois leur malice
De plusieurs végétaux compose un tout factice.
Le sage l’aperçoit, sourit avec bonté,
Et rend à chaque plant son débris emprunté.
Chacun dans sa recherche à l’envi se signale ;
Etamine, pistil, et corolle et pétale,
On interroge tout. Parmi ces végétaux
Les uns vous sont connus, d’autres vous sont nouveaux
Vous voyez les premiers avec reconnoissance,
Vous voyez les seconds des yeux de l’espérance ;
L’un est un vieil ami qu’on aime à retrouver,
L’autre est un inconnu que l’on doit éprouver.
Et quel plaisir encor lorsque des objets rares,
Dont le sol, le climat et le ciel sont avares,
Rendus par votre attente encor plus précieux,
Par un heureux hasard se montrent à vos yeux !